CONCLUSION

Au terme de cette analyse, on peut dire que non seulement les concepts développés dans le cadre de l'économie industrielle permettent de rendre compte de l'activité bancaire mais, en plus, l'application des ces notions à la banque s'avère enrichissante pour comprendre les mutations récentes sur les marchés bancaires.

La déréglementation et l'ouverture des frontières à partir des années quatre-vingt se sont traduites principalement par la réduction progressive des barrières réglementaires et l'instauration d'une concurrence de plus en plus aiguë sur les marchés financiers. Cette évolution réglementaire motivée par l'amélioration du bien être collectif a conduit à une diversification des modalités de financement et à des tarifications plus compétitives.

Mais, l'accélération de la concurrence et la diversification de l'offre ont pesé sensiblement sur l'évolution des résultats bancaires. On assiste en effet à une dégradation de la rentabilité bancaire accentuée par le ralentissement de l'activité économique et la baisse de l'offre de crédit. Face à ce nouveau paysage, le statut de la banque a évolué. Les banquiers sont de plus en plus amenés à faire des efforts supplémentaires en matière de rationalisation de leurs activités et de recherche de productivité.

On assiste donc au passage à une logique concurrentielle où les critères économiques deviennent prépondérants dans le fonctionnement bancaire. Dans ces conditions, la recherche de l'efficacité et la lutte contre une concurrence croissante impliquent la restructuration de l'industrie bancaire et le développement des comportements stratégiques dans la banque. L'accélération du phénomène de concentration bancaire au cours de ces dernières années témoigne de ce mouvement qui va sans doute se poursuivre dans l'avenir. De plus, la volonté de renforcer leurs positions sur le marché, s'explique également par les efforts réalisés par les banques en matière de modernisation de leurs réseaux et de la recherche d'une compétitivité technologique. L'étude des innovations financières a également permis de montrer que ces dernières sont de plus en plus utilisées par les banques à des fins stratégiques.

Par ailleurs, l'intensification de la concurrence sur les marchés bancaires nous a amené à s'interroger sur l'apparition de certains effets négatifs dans la banque. En effet, la déréglementation des marchés bancaires révèle l'existence d'une situation de surcapacité dans la banque. Cette surcapacité est susceptible de conduire à une fragilisation du système bancaire et à un accroissement des risques dans la banque.

En France, cette surcapacité se traduit par l'existence d'un surdimensionnement du réseau de guichets dont la persistance s'explique principalement par des facteurs stratégiques. Conscients de l'existence de ce problème, les banquiers commencent à réagir. On observe en effet une tendance au ralentissement du nombre de guichets bancaires au cours de ces dernières années. Néanmoins, cette tendance demeure faible. Au delà de ces préoccupations, la question de la déréglementation des dépôts à vue renouvelle le débat. Elle suscite de nouvelles voies de réflexion et elle mérite d'être approfondie.

Par ailleurs, ce débat soulève l'interrogation sur la question de la solidité et de la stabilité du système bancaire dans ce paysage mouvementé.

Dans le cadre de construction européenne, il faut s'attendre que certaines difficultés bancaires dépassent le cadre national et que les solutions adéquates résultent d'une coopération étroite entre les autorités réglementaires des pays membres. La nouvelle configuration du marché bancaire européen nécessite en effet une adaptation permanente de la réglementation bancaire. Cette adaptation doit obligatoirement passer par une harmonisation des conditions de concurrence et un rapprochement des législations nationales en matière de réglementation prudentielle.

Une meilleure compréhension des nouvelles règles du jeu apparaît donc comme l'une des principales garanties d'une meilleure construction du système bancaire européen.

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